abouler

abouler

abouler [ abule ] v. <conjug. : 1>
• 1790; de à et bouler
1 V. intr. ou pron. Arg. (Vx) Abouler ou s'abouler : arriver.
2 V. tr. Arg. Donner. Aboule le fric !

abouler verbe transitif (de boule) Populaire. Donner, apporter : Aboule le fric.

abouler
v. tr. Arg. Donner, remettre. Aboule le fric vite fait!

⇒ABOULER, verbe trans.
A.— Emploi trans., pop. [L'obj. est un n. désignant une somme d'argent comptant; le verbe est souvent à l'impér. ou inséré dans une proposition hypothétique ou négative] Donner, apporter sans retard et quoi qu'il en coûte, payer :
1. On dit que tu as poissé nos philippes (filouté nos pièces d'or), reprit le Biffon d'un air menaçant. — Tu vas nous abouler du carle (tu vas nous donner de l'argent) demanda Fil-De-Soie.
H. DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, p. 541.
2. Alors, vous comprenez, quand il m'a ordonné de vous faire la cour, j'ai bien été obligé d'obéir... Sans cela, il aurait refusé d'abouler... non... non... de me faire payer ma pension.
H. MEILHAC, L. HALÉVY, La Cigale, 1877, II, 5, p. 72.
3. Si la maison Charpentier ne me paie pas immédiatement ce qu'elle me doit et ne m'aboule pas une forte somme pour la féerie, Bouvard et Pécuchet iront ailleurs.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1880, p. 35.
4. Compris. Aboulez la galette, dit Dagobert. Le révérend père posa sur la table un sac que lui avait remis, les larmes aux yeux, le distillateur des conils.
— Topez là, firent les trois compagnons. Ainsi fut scellé ce pacte solennel.
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 234.
S'abouler. [Suivi d'un compl. d'obj. désignant un denrée comestible] Rare :
5. Je vais faire ma copie pour le père Magnier, puis je vais m'abouler deux ou trois tasses de thé par le bec.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1838, p. 34.
Rem. 1. Dans l'ex. de G. Flaubert s'abouler semble transposer le fam. se payer, croisé avec s'envoyer, également fam. 2. On rencontre également abouler avec d'autres termes : chez H. de Balzac (1835) ,,quant aux biscuits, aboulez``.
B.— Emploi intrans., pop. Arriver rapidement :
6. Cependant, on n'attendait plus que Mes-Bottes, qui n'avait pas encore paru.
— Ah! zut! cria Coupeau, mettons-nous à table. Vous allez le voir abouler; il a le nez creux, il sent la boustifaille de loin...
É. ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 451.
7. « ... Et pardieu! quel est donc ce saumâtre gallipoteux? Monsieur, qui êtes seul et qui attendez quelqu'un, aboulezz au pas gymn! Respectueusement, j'aboulai, c'est-à-dire j'approchai... » (Virenque, Album d'un Saint-Cyrien).
E. TITEUX, Saint-Cyr, 1898, p. 532.
8. — Chut!... Aboule par ici!
L'autre l'emmena dans l'arrière-boutique.
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 124.
Rem. Abouler s'emploie souvent à l'impér. : aboule, aboulez. La prononc. aboulezz (ex. 7) est propre à l'arg. de Saint-Cyr; on rencontre également l'expr. ,,aboulez monsieur qu'êtes 3, 4, 5, etc...`` comme apostrophe d'un ancien à un groupe de nouveaux. (P. EUDEL, L'Argot de Saint-Cyr. 1893).
C.— Emploi pronom. S'abouler. [Le suj. est toujours un animé] Arriver rapidement :
9. « Et l'pitaine fait un rapport au commandant. Mais v'là que l'commandant, furieux, i' s'aboule, en s'couant le rapport dans sa patte : « de quoi, qu'i' dit, où elle est c'te soupe qui fait cette révolte, que j'y goûte? » On y en apporte dans une gamelle propre. I' r'nifle. « Ben quoi, qu'i dit, ça sent bon! On vous en foutra, d'la soupe riche comme ça!... »
H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 263.
10. Ah! nom de dieu de nom de dieu! On n'a pas idée d'être déveinards à ce point-là! Des gars vernis, ce sont ceux de la compagnie Ménétrier qui s'aboulaient, leur barda sur le dos et traînant les godasses.
J. ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, p. 36.
Rem. Le verbe simple intrans. est représenté par plus d'ex. au XIXe s. S'abouler est plus récent et tend à l'emporter actuellement. DUB. 1966 et Pt ROB. 1967 ne notent que s'abouler au sens de « arriver », « venir ».
Prononc. — 1. Forme phon. :[abule]. Enq. :/abul/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : aboulage, aboulement, Cf. bouler.
Étymol. ET HIST. — 1. 1790 terme d'arg., trans. « apporter, donner vivement (qqc.) » (Le Rat du Châtelet, livret anonyme, p. 14-15) : aboulez une rouillarde d'eau-daffe [bouteille d'eau de vie]; 1790 id., trans. « mener (qqn) » (ibid., p. 17 : Mais comme la marque crossait [la femme récriminait] indignement, il m'a fait abouler ici); 2. 1790 id., intrans. « venir » (ibid., p. 17 : Les mistringues [agents de police] aboulent, on me trimbale chez le cardeuil [commissaire de police]); 3. 1836 « accoucher », VIDOCQ, Les Voleurs, d'apr. ESN. 1965.
Abouler aux sens 1 et 2 est dér. de bouler :préf. a-1. Abouler très largement attesté dans les dial. au sens de « rouler », voir FEW, I, s.v. bulla, p. 612; cf. m. fr. aboulir « se précipiter (d'une pers.) », Fossetier ds GDF. Abouler au sens 3 serait un croisement de (s')ébouler « accoucher » (dial. d'apr. FEW, I, s.v. botellus, 464b) lui-même dér. de l'a. fr. boele « entrailles », du lat. botellus (boyau), avec abouler des sens 1 et 2 « apporter » et « venir ».
STAT. — Fréq. abs. litt. :18.

abouler [abule] v.
ÉTYM. 1790; de à, et bouler, d'abord dialectal « rouler (comme une boule) ».
1 V. intr. ou pron. Argot (vx). || Abouler ou s'abouler : arriver.
1 Comme un fait exprès, ils arrivèrent sur le quai de départ au moment où le train allait repartir. « Mince ! exultait Ribouldingue, c'est pas pour dire, les aminches, mais v'là c'qu'y s'appelle avoir de la veine ! — Tu parles que l'train s'est aboulé à temps », ripostait Croquignol.
L. Forton, les Aventures des Pieds-Nickelés, in l'Épatant, 1909, p. 59.
2 V. tr. Argot (souvent dans une proposition négative, ou à l'impér.). Donner, remettre. || Aboule le fric !
Absolument, vieux :
2 (…) qui est-ce qui veut faire une tête dans la plume (se coucher) avec moi cette nuit. Je vous préviens, faut abouler avant.
Louise Michel, la Misère, t. II, p. 469.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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